Le Tribunal administratif donne raison à la FP et à Patrimoine suisse: la sauvegarde des crêtes du Jura neuchâtelois doit l'emporter sur une production insignifiante d'énergie éolienne. La Fondation suisse pour la protection et laménagement du paysage (FP) et Patrimoine suisse obtiennent gain de cause: les crêtes du Jura neuchâtelois, protégées par un décret cantonal de 1966, ne sauraient être sacrifiées à la production de quelques GWh dénergie éolienne. Le Tribunal administratif du Canton de Neuchâtel a admis le recours des deux associations contre la décision du Département de la gestion du territoire concernant le projet dit Crêt-Meuron, entre la Vue-des-Alpes et Tête-de-Ran .
Lexploitation de la force éolienne est certes souhaitable sur le plan écologique, mais les atteintes au paysage quelle entraîne sont considérables. Une attention toute particulière doit être vouée au paysage en vue de limplantation de parcs déoliennes. Or l'emplacement du projet en question se trouve à lintérieur du périmètre dapplication dun décret cantonal de 1966 visant la protection des crêtes. Le site est en outre au centre dun espace de loisirs et de délassement dont lharmonie et la tranquillité seraient qualitativement affectées par l'installation de jusqu'à sept turbines éoliennes de 93 mètres de hauteur.
Dès le début, la FP et Patrimoine suisse ont argumenté sur le fond du problème: la Suisse n'est pas un pays de vents forts et réguliers, conditions nécessaires à l'exploitation efficace de l'énergie éolienne. Le rendement des éoliennes y est dérisoire, la force du vent étant en général tout juste suffisante pour faire tourner les pales des hélices (quand elles ne restent pas immobiles), sans production significative d'énergie. La quantité infime d'électricité qui pourrait être produite par les éoliennes contestées au Crêt-Meuron n'est donc de loin pas suffisante pour contrebalancer l'impact paysager considérable de ces gigantesques installations industrielles.
C'est ce qu'a reconnu le Tribunal administratif, qui, après avoir examiné avec soin la question, vient de donner raison à la FP et à Patrimoine suisse dans sa décision sur leur recours déposé en mars 2003. Dans la pesée des intérêts, il juge notamment que l'utilité du projet de parc d'éoliennes pour la production d'énergie "est actuellement extrêmement faible, sinon quasi insignifiant, et le demeurera sans doute", et qu'il "n'est pas allégué que ces installations présenteraient un réel progrès sur le plan de la lutte contre les atteintes à l'environnement", alors que "l'impact sur le paysage serait en réalité important, depuis de nombreux endroits élevés des environs et sur de nombreux kilomètres, mais aussi, il va de soi, dans la région de Tête-de-Ran, qui est un site particulièrement fréquenté en tant que zone de délassement, soit un genre de territoire dont la conservation constitue un des principes de l'aménagement".
La FP et Patrimoine suisse prennent acte de ce jugement qui confirme le bienfondé de leurs arguments. La décision est susceptible d'un recours au Tribunal fédéral, mais les associations ne doutent pas que, le cas échéant, celui-ci arrivera aux mêmes conclusions que les juges du Tribunal administratif.
Renseignements complémentaires:
FP, Richard Patthey, 031 312 20 01, paysage@sl-fp.ch
SHS, Monika Suter, 01 254 57 00, monika.suter@heimatschutz.ch
Voir le texte intégral de la décision du TA ci-dessous :