FRANCHES-MONTAGNES - Les citoyens craignent que les entreprises privées prennent le contrôle de l'air, bien public.
Venues présenter le plan éolien pour les Bois, les Breuleux et le Noirmont, mercredi soir à l'école du Noirmont, les instances cantonales ont fait face à une assemblée plutôt critique. Les quelque 80 citoyens présents ont posé de nombreuses questions, mais les réponses n'ont pas toujours suivi.
Le chef du service de l'Aménagement du territoire, Dominique Nussbaumer, et le délégué à l'Energie, Francis Jeannottat, ont présenté le schéma d'agencement des éoliennes imaginé par le canton, pour la crête qui s'étend des Breuleux aux Bois. Selon le Plan directeur cantonal, une douzaine d'éoliennes auraient leur place sur le site jugé prioritaire. De quoi produire de l'énergie pour 8500 ménages et anticiper les manques à prévoir à l'horizon 2020, avec l'hypothétique disparition du nucléaire.
Des zones d'ombres ont été pointées du doigt, comme cet avertissement d'un électricien: «Les lignes électriques de la région n'ont peut-être pas la capacité suffisante pour acheminer cette énergie.» Et de suggérer des études englobant le réseau jurassien et le Jura bernois. Le délégué à l'énergie a avoué que cette question n'avait pas encore été considérée: «On en discutera». De quoi faire bondir un citoyen: «Et s'il fallait remettre à jour le réseau, qui paierait? Le distributeur, la Goule? Si c'est le cas, le coût sera forcément répercuté sur le consommateur...» Ou la maire des Breuleux Agnès Bourquard: «On a besoin de réponses claires avant de travailler à un plan spécial communal, ou intercommunal».
Par son approche très juridique, le canton s'est fait reprocher sa «neutralité excessive» devant l'appétit féroce des entreprises productrices de courant éolien. Surtout depuis l'entrée en vigueur, au 1er janvier, de la «Rétribution au prix coûtant» de l'énergie verte (20 ct par kWh). En Suisse, des projets sont annoncés à hauteur de 650 MWh. «Il faut instaurer des concessions et protéger l'air comme un bien public, a relevé Pierre-Yves Dubois, conseiller communal aux Bois. Car les entreprises privées risquent de se l'approprier.» Et de déplorer la manière «pas très nette» qu'ont ces dernières d'approcher individuellement les propriétaires de terrain. «Une réflexion avec d'autres cantons a été ouverte», a voulu rassurer le délégué à l'Energie.
A ceux qui ont déploré que le canton n'investisse pas plus dans les économies d'énergie d'abord, Francis Jeanneret a nuancé qu'«il ne faut pas opposer la réduction de la consommation et le développement de l'énergie durable. Des mesures ont déjà été prises.»