FRANCHES MONTAGNES - Depuis que deux éoliennes ont été érigées cet été à Saint-Brais, les élus des Franches-Montagnes mesurent combien la population locale est divisée au sujet de ces fameux «ventilateurs». Trouver une substitution au nucléaire est une chose, ne pas défigurer le paysage une tout autre. Encore un dossier sensible, un!
Il se passe décidément toujours quelque chose dans les Franches-Montagnes. Au tour cette fois des éoliennes. Le débat nourri qui a réuni jeudi soir à Soubey élus du district, huiles cantonales et distributeurs de courant en atteste. Le sujet est brûlant. La pose cet été à Saint-Brais des deux premières éoliennes sur le haut-plateau a fait office de détonateur. Ce n'est pas les nuisances liées au bruit qui font le plus débat. La défiguration du paysage a pris le dessus. Jeudi sur les bords du Doubs, avant de déguster une truite qui avait à peine la mesure, les participants étaient d'accord sur un point: veiller à ne pas faire n'importe quoi, au risque de se mettre un formidable autogoal. Heureusement, le canton veille. Ouf!
Délégué à l'énergie du canton du Jura, Francis Jeannottat a rappelé que les régions situées à 1000 mètres d'altitude se prêtaient à merveille à l'installation. Ni trop bas, ni trop haut. Le plan directeur cantonal prévoit l'implantation de 17 éoliennes sur quatre sites, tous situés dans les Franches-Montagnes: deux à Saint-Brais (c'est fait), quatre à Lajoux-Saulcy, cinq aux Breuleux-Le Peuchapatte et six aux Bois-Le Noirmont. Viennent-ensuite les sites «potentiellement intéressants». Plusieurs en Ajoie, un dans la vallée de Delémont (Bourrignon) et encore plusieurs aux Franches-Montagnes. Au stade actuel des démarches, seul celui des Enfers présente de réelles capacités de développement.
Ainsi, dans beaucoup d'endroits, des projets sont en discussion. «On ne peut pas interdire à quelqu'un d'avoir des projets. Mais pour construire, il faut des autorisations», a lâché Gabriel Nusbaumer, le chef du Service de l'aménagement du territoire. «Le canton détient les bases légales», a rassuré le ministre Laurent Schaffter. Les autorités cantonales ont été très claires: pas question qu'il y ait prolifération d'éoliennes dans les Franches-Montagnes. Mais elles ont aussi prévenu. Il faut savoir ce que l'on veut, face aux problèmes de société.
Les 17 éoliennes pourront alimenter 12 250 ménages, sur les quelque 32 000 que compte le canton. Le problème réside dans l'acheminement de l'énergie produite. Les réseaux actuels (FMB, La Goule), n'arriveront pas à tout englober. Il s'agira dès lors de songer à construire une ligne à haute tension à travers le district. Aérienne ou souterraine. La deuxième option est évidemment nettement plus chère que la première. Où l'on reparle d'intégration.
«Dix-sept, pas de plus!»
Tout le monde dans l'assistance a souligné qu'il était primordial de développer les énergies renouvelables. Mais certains maires demeurent plus sceptiques que d'autres.
René Girardin (Saignelégier) a proposé un moratoire: «Il y a incontestablement un malaise. Notre paysage, c'est ce que l'on vend prioritairement aux touristes. Dans l'état actuel des choses, on ne maîtrise rien, on est en dehors du circuit. On ne sait pas trop où l'on va. Mettons les choses à plat avant d'aller plus loin.»
Maire du Bémont, Roland Noirat s'est lui demandé «si cette énergie verte est vraiment aussi verte que cela».
Claude Schaffter (Montfaucon) a plaidé pour une solution concertée entre le Jura, le Jura bernois et le canton de Neuchâtel.
Pourtant conseiller communal vert aux Bois, Pierre-Yves Dubois a averti: «Il ne faut pas céder à toutes les sollicitations. On se battra contre une ligne à haute tension depuis Bassecourt à travers les Franches-Montagnes.»
Dubitatif également Gabriel Willemin. Le député d'Epauvillers prône un, voire deux parcs éoliens dans les Franches-Montagnes. Pas un de plus.
«Et il y aura au maximum 17 éoliennes!», a mis en garde celui qui entend porter le débat devant le Parlement.
Reportage TSR