NEUCHATEL - La Ville de La Chaux-de-Fonds, comme celle de Neuchâtel (lire ici), rejette le concept éolien cantonal. Elle le juge prématuré et estime qu'il a été élaboré sans que les partenaires concernés aient été consultés. Elle le trouve inabouti sur le plan juridique.
Un vent contraire souffle sur le concept éolien cantonal. Le canton a défini six zones propices à l'implantation d'éoliennes. Le projet a été mis en consultation jusqu'à fin octobre. La Ville de La Chaux-de-Fonds n'en veut pas et demande au Département de la gestion du territoire (DGT) de venir en débattre avec la population et le Conseil général.
Protection du paysage
Bien que «conscient des défis énergétiques de notre société» et «pas défavorable, sur le principe, à l'installation d'éoliennes sur les crêtes jurassiennes», le Conseil communal de La Chaux-de-Fonds attache «une importance capitale à la protection de ce paysage», dit Laurent Kurth, responsable de l'Urbanisme. Nous «pensons que sa qualité intrinsèque est très importante et que ce point a été sous-estimé.» Parsemer les sommets jurassiens «d'installations à caractère industriel, cela remet en question les orientations que l'on privilégie actuellement en Suisse en matière d'urbanisation».
Déficit démocratique
La Ville refuse le concept «dans son entier tant que divers éléments n'auront pas été discutés et validés par les partenaires concernés». Le Conseil communal chaux-de-fonnier demande qu'«une sévère pesée d'intérêts soit effectuée sur la base d'un concept solide et démocratiquement débattu».
Déficit conceptuel
«C'est un concept auquel il manque un concept», illustre Laurent Kurth. «Le canton s'est demandé quelles réponses il allait apporter aux promoteurs, plutôt que de se demander quels étaient les intérêts publics à prendre en considération avant d'apporter ces réponses», estime-t-il. Ces enjeux devraient être examinés pour eux-mêmes, en dehors de toute pression induite par un projet, dans le cadre d'une politique énergétique qui décrive les objectifs à long terme du canton dans ce domaine. La conception énergétique cantonale devrait inclure «toutes les énergies renouvelables» et pas seulement l'éolien.
Déficit juridique
La Ville estime que le canton ne peut pas prendre appui sur la décision du Tribunal fédéral (TF) déboutant les opposants aux éoliennes de Crêt-Meuron, prise dans un contexte où le canton voulait implanter deux parcs d'éoliennes. Le Conseil communal estime que le décret de 1966, toujours en force, ne permet pas d'en implanter six. «Il faut donc le modifier ou adopter une nouvelle législation après un débat large et démocratique, sanctionné au besoin par une votation populaire. C'est alors que la situation juridique sera stable et durable.» Faute de quoi, avertit Laurent Kurth, «rien ne garantit qu'on ne se retrouve pas à terme avec dix parcs éoliens».
Déficit économique
Il faut éviter que d'autres exploitent notre paysage en vendant très cher de l'énergie verte pour laquelle nous accepterions de sacrifier une partie de notre paysage, explique en substance Laurent Kurth. Or le concept est muet à ce sujet.
Déficit de crédibilité
La Ville «regrette que l'un des principaux bureaux mandatés pour l'élaboration du concept éolien neuchâtelois ne soit autre que le représentant romand de Suisse Eole, ce qui laisse planer quelques doutes sur sa nécessaire indépendance. .Elle note «à regret aussi, que cette association considère comme «un excès de zèle» et une «décision arbitraire» le fait que le canton ne veuille pas prévoir d'éoliennes dans la zone tampon Unesco autour des villes de La Chaux-de-Fonds et du Locle».
Le Château répondra
Le conseiller d'Etat en charge de la Gestion du territoire, Claude Nicati, n'a pas souhaité s'exprimer hier sur ce dossier: «Le Conseil d'Etat prendra position lorsqu'il aura reçu officiellement les prises de position des deux villes.»