ARC JURASSIEN - Le nombre d'annonces de parcs éoliens en projet a explosé cet été, on en compte plus de 40 dans l'Arc jurassien. Cette avalanche d'initiatives a de quoi faire peur, mais il faut néanmoins remercier les promoteurs en tous genres de leurs épanchements dans la presse. Ce faisant, ils nous ont maladroitement permis de comprendre que l'on ne peut absolument pas leur faire confiance, ni sur leurs intentions, encore moins sur leurs méthodes.
André Rothenbühler
Secrétaire général de l'Association Bienne-Jura
Pour leurs intentions, il est absolument clair que ce n'est pas la production d'énergie renouvelable qui les motive. Pour la plupart, c'est le rendement financier attendu et garanti par l'Etat grâce à la rétribution à prix coûtant. Pour certaines communes, c'est la perspective de réaliser leur projet du siècle et de laisser sa trace pour la postérité. Cela peut, enfin, permettre à d'autres de justifier la construction de centrales nucléaires en montrant que, malgré tous leurs efforts dans le développement d'énergies alternatives, ils ne parviennent pas à couvrir les besoins en augmentation qu'ils ne cherchent par ailleurs aucunement à réduire puisqu'ils sont vendeurs d'énergie.
Et que penser de leurs méthodes? Ces nouveaux colons veulent passer par-dessus les planifications cantonales et forcer les décisions grâce à leurs mallettes pleines d'argent et de chimères. L'argent pour les futurs propriétaires des terrains où seront érigées les éoliennes. Les chimères pour les communes à qui il n'est pas difficile de montrer tous les bénéfices politiques qu'elles pourront retirer de tels chantiers d'avenir. Forts de l'appui de ces partenaires de circonstances, on essaie ensuite de manipuler l'opinion publique et on exerce d'énormes pressions sur les autorités pour qu'elles délivrent des feux verts à des constructions tous azimuts. Rien à envier aux méthodes des Chinois en Afrique. L'intérêt des populations locales n'est même pas évoqué.
Mais l'Arc jurassien n'est pas l'Afrique et ne va pas accepter de n'être qu'un objet de spéculation. L'avidité outrancière de ces promoteurs nous a montré qu'il faut revoir complètement la problématique des éoliennes.
L'intérêt public doit être prépondérant parce que les impacts des éoliennes sur le paysage sont énormes et que le paysage est un bien public à préserver.
La construction d'éoliennes est inutile si elle ne s'intègre pas dans une stratégie énergétique globale où l'accent principal doit être porté sur les mesures d'économie, faute de quoi l'énergie éolienne ne couvrira même pas l'augmentation annuelle de la consommation.
Il faut enfin que l'Arc jurassien coordonne ses pratiques de planification à l'échelle intercantonale et que les collectivités publiques qui le composent soient majoritaires dans la gestion des parcs éoliens afin, d'une part, d'en limiter les effets négatifs et, d'autre part, de profiter de la valeur ajoutée qu'ils génèrent.
Il est encore temps d'agir, puisqu'on ne compte pour l'instant qu'une dizaine d'éoliennes construites et une autre dizaine pour lesquelles les procédures légales sont toutes remplies.