LA HAUTE-BORNE À DELÉMONT - Les bourgeois de Delémont ont avalisé la convention qui les lie avec les Services industriels genevois. Il s'agit d'une étape en vue de la construction d'un parc éolien de 17 turbines sur les hauteurs du chef-lieu jurassien. Mais ce gigantesque projet, devisé à 100 millions de francs, est encore loin d'être acquis.
La concurrence sera rude. Mais Pierre Kohler continue sur la lancée de son annonce tonitruante de la mi-septembre: ériger sur les hauts de Delémont le plus grand parc éolien du pays. La procédure s'annonce longue. Après plusieurs propriétaires fonciers de Bourrignon, la bourgeoisie de Delémont a à son tour avalisé lundi une convention indispensable pour mener à bien un dossier de 100 millions financé en totalité par les Services industriels genevois (SIG).
Ne pas aller plus vite que le vent. Les bourgeois delémontains ont dit oui à une étude de faisabilité. L'octroi du droit de superficie sera une tout autre affaire, pour autant que les mesures du vent donnent satisfaction. Il est prévu d'ériger au maximum quatre éoliennes sur les terres de la bourgeoisie de Delémont. Les 13 autres devraient l'être sur le territoire de Bourrignon, localité dans laquelle Pierre Kohler viendra prêcher la bonne parole le lundi 21 décembre lors de l'assemblée communale. C'est la municipalité de Delémont qui pilote ce projet. A en croire le maire du chef-lieu jurassien, tout le monde y trouvera son compte.
L'étude, pour commencer. Sans rien faire, la bourgeoisie de Delémont encaissera 10 000 francs, les communes de Bourrignon et Delémont respectivement 100 000 et 90 000 francs. Si les éoliennes poussent un jour dans les alentours de la ferme de la Haute-Borne et l'antenne des Ordons, la bourgeoisie et les privés - principalement des paysans - qui disposent d'une éolienne sur leur parcelle encaisseront 1500 francs par mois et par engin. Ce montant vient d'être revu à la hausse de 500 francs. La ville de Delémont, elle, touchera 30 000 francs par an et par turbine. Et encore une fois sans rien faire! Car Pierre Kohler ne se lasse pas de le répéter: ce sont les SIG qui claquent le pognon et qui sont les maîtres d'uvre. Ramasser de l'argent juste en s'abaissant: le pied!
Ces généreux Services industriels genevois ont tout de même titillé l'esprit de certains bourgeois lundi soir: «Qui sont les véritables investisseurs qui se cachent derrière tout ça?» Motus. Les SIG régalent. Ils ont promis de vendre le 25% de la production totale (23 000 ménages) à la municipalité de Delémont. Ils se sont également engagés à construire une tour d'observation et un chemin didactique entre la Haute-Borne et la Claude-Chappuis. «Excellent pour le tourisme», se félicite le rusé Pierre Kohler. Un hic: le projet - public - delémontain n'est pas prioritaire selon le plan directeur cantonal du Gouvernement jurassien. «Il suffit de le changer», coupe net le maire.
Le plan, donc.