BEJUNE - Le Jura, Berne et Neuchâtel étudient la manière de «reprendre la main» pour gérer les projets déoliennes
Sous le titre «Brasser du vent pour faire des affaires», André Rothenbühler a écrit un pamphlet qui nest pas resté sans écho. Le directeur de lAssociation régionale Jura-Bienne, sans sopposer aux éoliennes, estime que lannonce de plus de 40 projets de parcs sur les crêtes jurassiennes «fait peur». Il sen prend aux promoteurs, des sociétés électriques extérieures à la région, affirmant que «leur intention nest pas de produire de lénergie renouvelable, mais le rendement financier attendu et garanti par lEtat grâce à la rétribution au prix coûtant. Pour certaines communes, cest la perspective de réaliser le projet du siècle.» Plus loin, toujours à propos des promoteurs: «Ces nouveaux colons veulent passer par-dessus les planifications cantonales et forcer les décisions grâce à leurs mallettes pleines dargent et de chimères [
] LArc jurassien ne va pas accepter de nêtre quun objet de spéculation. La construction déoliennes est inutile si elle ne sintègre pas dans une stratégie énergétique globale.»
Brandissant une étude paysagère démontrant que «les éoliennes ne sintègrent pas au paysage mais en construisent de nouveaux», il sapplique à convaincre les autorités chargées de laménagement du territoire des cantons du Jura, de Neuchâtel et du Jura bernois «quil faut inverser les choses, ne plus laisser les promoteurs fixer les règles, sortir de leffet daubaine, ne plus régler les projets déoliennes à léchelle communale et ne pas renouveler le mauvais exemple de Saint-Brais».
Létude paysagère dit quil vaut mieux «caractériser que banaliser». Autrement dit, concentrer les éoliennes sur quelques sites plutôt que les disperser. Parce quils constituent déjà une structure en matière de nouvelle politique régionale, Berne, Neuchâtel et Jura sapprêtent à lancer une étude devant aboutir à un concept éolien global. «Vaud pourra sy raccrocher», précise le ministre jurassien Laurent Schaffter, mais en létat, il nest pas associé aux programmes NPR de lArc jurassien.
Le postulat prévoit de définir, en priorité, un objectif politique pluricantonal: quelle part délectricité produite par léolien? Partant, combien déoliennes sont nécessaires? Et où implanter les parcs? «La planification intercantonale devra primer les plans cantonaux», explique Laurent Schaffter.
Qui profite?
Ce nest pas tout. «Il faut aussi se demander à qui profitent les éoliennes», reprend André Rothenbühler. «Si lénergie quelles produisent appartient à Genève ou Zurich, nos éoliennes ne nous serviront à rien, renchérit Laurent Schaffter. Imaginez quune norme fédérale impose un approvisionnement en électricité renouvelable à hauteur de 20%. On pourrait être contraint de lacheter à lextérieur, alors quon aurait chez nous des centaines déoliennes.»
Létude tricantonale prévoit danalyser la faisabilité dune société de gestion des éoliennes et de lélectricité quelles produisent, majoritairement en main des cantons. «Il y a une grosse responsabilité des pouvoirs publics à ne pas laisser faire nimporte quoi», insiste André Rothenbühler. «Nous devons contrôler cette énergie verte», clame Laurent Schaffter. En attendant, les projets sur territoire jurassien sont gelés.