FRANCHES-MONTAGNES - La fronde anti-éoliennes s'organise dans le Jura. Jeudi sera officiellement créée à Saignelégier l'Association pour la sauvegarde des paysages des Franches-Montagnes. Le collectif tient des propos plutôt musclés. Une dame du Peupéquignot a décidé de porter plainte contre une habitante du Peuchapatte qui a loué ses terres à Alpiq.
Ils étaient une centaine en début d'année à Lajoux pour le premier rassemblement du collectif. Combien seront-ils jeudi soir à l'Hôtel de ville de Saignelégier (20h15) pour l'assemblée constitutive de l'Association pour la sauvegarde des paysages des Franches-Montagnes et régions limitrophes? «En tout cas 200. Les gens n'auront pas peur de rester debout», claque tête baissée, casque sur la tête, Jean-Marc Baume. Le facteur du Noirmont est un des meneurs de la fronde anti-éoliennes qui a ameuté la presse samedi au Peuchapatte au pied d'une des trois turbines en service depuis la fin de l'année dernière.
C'est lors de ce rassemblement de mécontents que l'on a appris, presque par la bande, que Karine Froidevaux allait déposer plainte contre une privée qui a loué ses terres à la société Alpiq afin que celle-ci y érige une éolienne. Ce geste plus qu'intéressé rapporte à la dame 8000 francs par année. Sans rien faire. Karine Froidevaux, donc, habite le Peupéquignot, à 580 mètres de la première bécane. Depuis la fin décembre 2010, elle et sa famille endurent un véritable calvaire. «On s'était fait un petit coin de paradis. Mais ces bruits d'avions incessants ont chamboulé notre vie. Le week-end, on fuit. Ces machines ont bousillé notre existence. Les pales font un bruit d'une machine à laver.» Des propos agressifs, corroborés par Jean-Daniel Tschan, conseiller communal au Noirmont: «Ici, dans la région du Peuchapatte, et ce n'est pas exagéré, on habite à Cointrin. Qui va devenir bientôt Francfort». «Tout privé qui loue un terrain est responsable des nuisances qui proviennent de son fond», assure Frédéric Buchler, avocat au Noirmont, porte-parole de la rebelle. Car l'association a pris les devants: elle peut déjà compter sur l'appui de deux hommes de lois, dont un Genevois.
Le collectif s'est fixé trois buts. Primo: halte à l'implantation de nouvelles éoliennes aux Franches-Montagnes. Deuxio: que les turbines cessent de tourner la nuit. Tertio: le démantèlement des cinq éoliennes existantes à Saint-Brais et au Peuchapatte, en place théoriquement pour 20 ans au minimum, 30 au maximum. «Mais concernant ce dernier point, ce sera plus dur», concède Pascale Hoffmeyer, de Saint-Brais.
«Nous sommes confrontés à un monde de menteurs», a pesté Jean-Daniel Tschan. «Il n'y a qu'à aller sur internet. Pas un site n'aligne les mêmes chiffres. Les promoteurs font des études pour les chauves-souris. C'est bien beau. Mais ont-ils pensé un moment à l'être humain? A quoi cela sert-il de promouvoir le tourisme avec le film du «P'tit train rouge» si d'un autre côté on saccage nos paysages? Regardez au Peuchapatte. Les rapaces ont foutu le camp. Les champs sont envahis de taupinières.»
La constitution d'une association est indispensable aux yeux des opposants. «En tant que personne morale, on pourra aller de l'avant.» Tout remonté, Jean-Marc Baume a martelé «que nous ne sommes pas à vendre».
Et ce n'est pas du vent.