22.11.2011 - L'Impartial

Les éoliennes en enfer

FRANCHES-MONTAGNES - les enfers - Les citoyens se prononcent nettement en faveur de la prohibition.
Après La Chaux-des-Breuleux cet été, Les Enfers est le deuxième village des Franches-Montagnes à se prononcer pour l'interdiction totale des constructions d'éoliennes industrielles sur le territoire communal. Les citoyens ont pris cette décision hier soir lors d'une assemblée extraordinaire qui a réuni 64 ayants droit. Joli pour une localité qui compte quelque 120 électeurs pour environ 170 habitants.
L'issue du vote fut sans appel, quand bien même il a fallu revoter une seconde fois, le premier scrutin à main levée mentionnant plus de votants que de présents... Ah oui, on a failli l'oublier! Le résultat: 46 pour l'interdiction, 14 contre.
Industrielle? Oui, mais...
Cette assemblée extraordinaire avait été convoquée à la suite de l'aboutissement d'une initiative communale dans laquelle 64 citoyens des Enfers exigeaient la prohibition des éoliennes industrielles. A ce sujet, un doute s'est installé parmi l'assistance: qu'est-ce vraiment qu'une éolienne industrielle? Surtout, qu'elles sont ses mensurations?
Une participante a affirmé que même avec 12 mètres de haut, une éolienne pouvait être considérée comme industrielle. Pas besoin de «monstres» à 150, voire 200 mètres. Un autre a soutenu qu'au sein de l'administration jurassienne, personne n'est vraiment au clair sur l'appellation «industrielle».
A creuser un de ces quatre...
Dix, douze, vingt-deux...
Volontairement, le Conseil communal n'a pas voulu présenter de contre-projet à l'initiative, ni refiler une recommandation de vote. Pourquoi pas un moratoire de 10 ans, comme aux Genevez par exemple?
Un des initiants a été catégorique: «Dans le dossier éolien, c'est le canton qui décide. Nous nous devons de donner un signal fort. Y a qu'à voir. Les petits villages sont les premières cibles des promoteurs-menteurs. Sait-on déjà combien de particuliers ont donné leur accord? Sait-on combien de privés ont été approchés? Sait-on combien il est prévu d'installer d'éoliennes aux Enfers?»
A cette dernière interrogation, plusieurs chiffres ont été articulés: 10, 12, 22... Attention, les v'là!
A nous les emmerdes!
Parce que tout a été dit et redit, si ce n'est rabâché sur les éoliennes, les argumentaires avancés ont été d'un classique du genre. «Les personnes qui se feront acheter par ces voyous toucheront le pactole. La commune? Des miettes. Nous? Les emmerdes!» Entendu dans le camp d'en face: «Le bruit d'une éolienne, c'est quand même moins grave qu'un paysage radioactif. Réfléchissons avant de dire non à une technologie qui va aller en s'améliorant.»
Quelqu'un a prévenu: le canton a les moyens d'imposer ses volontés. «Mais la population ne va pas se laisser faire. Souvenez-vous l'épisode de la place aux Franches-Montagnes!»
La suite en 2012
Le président des assemblées Roland Péquignot a précisé qu'aucune éolienne prévue aux Enfers ne l'est sur une parcelle appartenant à la commune. La maire Annemarie Balmer s'est exprimée: «Je peux vous assurer que les deux sociétés intéressées à investir chez nous ne nous mettent pas la pression. Elles respectent la volonté des citoyens.» Vu le verdict d'hier soir, la commune a l'obligation de modifier son règlement des constructions d'ici un an.
En 2012, Muriaux et Le Noirmont se prononceront sur la prohibition totale, l'initiative communale ayant abouti dans ces deux localités. C'est comme si c'est fait aux Breuleux. Aux Bois, la résistance s'organise.
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