NEUCHATEL - Une épine de plus dans le pied du ministre PLR Claude Nicati, qui vient de perdre la votation sur la généralisation dune taxe sur lélectricité et qui porte le projet de RER-Transrun soumis au peuple le 23 septembre. Il doit combattre une initiative hostile à lérection déoliennes dans le canton de Neuchâtel, à tout le moins dans des sites protégés par le décret de 1966 qui garantit la préservation des crêtes du Jura. La votation est programmée le 25 novembre.
«Ce nest pas simple», reconnaît le ministre, qui souhaite pourtant «un débat démocratique sur les éoliennes et la pesée dintérêts entre la production délectricité renouvelable et les exigences du décret de 1966». A lépoque, 89% des Neuchâtelois avaient décidé que 60% du territoire cantonal devait être «maintenu intact». Lobjectif consistait à lutter contre la construction désordonnée de chalets de week-end.
Entorse au Tribunal fédéral
En 2005, le Tribunal fédéral admettait une entorse à la préservation stricte, estimant que la construction dun parc de sept éoliennes au Crêt-Meuron ne démantelait pas le périmètre protégé. Malgré cela, les défenseurs des crêtes ont décidé de sopposer au plan éolien de Claude Nicati en lançant une initiative intitulée «Avenir des crêtes: au peuple de décider».
Le plan éolien de 2011 prévoit cinq parcs, pour un total de 59 machines dune puissance de 200 gigawattheures, susceptibles de couvrir 20% des besoins électriques du canton ou 70% de la consommation des 80 000 ménages. Des parcs situés aux extrémités septentrionale (Crêt-Meuron, Mont-Perreux, Joux-Plane) et méridionale (Montagne-de-Buttes et Mont-de-Boveresse) du canton.
Avec son plan, Claude Nicati oppose un contre-projet indirect à linitiative, jugée inopportune, car si elle devait être acceptée elle imposerait une succession de votations. «A chaque éolienne déplacée de 3 mètres, il faudrait consulter le peuple», ironise le ministre.
Le contre-projet se traduit par un aménagement du décret de 1966. La protection des grands ensembles paysagers du canton et linviolabilité de sites emblématiques (rives du lac, Creux du Van, côtes du Doubs) sont garanties. Les cinq sites éoliens y feraient leur entrée.
Reste quil nest pas possible dopposer le décret revisité à linitiative, de niveau constitutionnel. Lapplication du décret serait la conséquence du rejet de linitiative.
Le scrutin promet un contexte alambiqué.
Biaisée, linitiative hostile aux éoliennes ne pose pas frontalement la question. Elle préconise un processus avec votes populaires à répétition pour empêcher la construction de turbines. Rejeter linitiative ne signifie pas seulement admettre la construction déoliennes, cest adopter le programme Nicati. Tout cela, compris dans une seule question, liée à linitiative.