JURA - Obsolète. La fiche 5.06 «énergie éolienne» du plan directeur cantonal ne correspond plus à la réalité du terrain, miné par endroits. Fort de constat, le Gouvernement jurassien s'attaque à un immense chantier. Il entend réviser cette fameuse fiche en vigueur depuis 2005, qui détermine les sites prioritaires et les sites potentiels, aptes ou susceptibles d'abriter sur leur sol des éoliennes industrielles.
Dans un contexte tendu, particulièrement aux Franches-Montagnes, où à l'exception de Saignelégier, Montfaucon et Saint-Brais, les 10 autres communes doivent composer avec un sérieux vent éolien contraire, l'exécutif cantonal vient de créer un groupe de travail chargé d'élaborer un plan sectoriel de l'énergie éolienne. Ce groupe, interne à l'administration (cinq services), présidé par Raphaël Macchi, urbaniste au Service de l'aménagement du territoire, rendra ses conclusions dans le courant du second semestre 2014.
D'ici là, plus rien ne bougera. Ni dans les mois qui suivront d'ailleurs. Car une fois que le Gouvernement aura tranché, le bébé atterrira au Parlement jurassien. Ce sont les députés qui arrêteront définitivement le plan directeur cantonal et sa nouvelle fiche éolienne. L'exécutif a rappelé hier dans un communiqué que son objectif n'avait pas varié, inscrit dans le programme de législature 2011-2015: renoncer à l'énergie nucléaire et viser une autonomie énergétique maximale. Le tout dans le cadre de sa stratégie énergétique 2035, qui «estime techniquement possible une société jurassienne à 4000 Watts en 2035 et 2000 Watts en 2100».
L'actuelle fiche 5.06 a été dressée sur la base d'études datant de 2002. Elle est dépassée, concède le Gouvernement: «Elle ne permet plus de répondre totalement aux problèmes apparus depuis lors.» Les conditions-cadre ont évolué. Les éoliennes d'aujourd'hui, plus hautes et plus performantes, n'ont absolument plus rien à voir avec celles du début.
Problématique régionale
Ce même Gouvernement jurassien écrit que dans ses réflexions, il a tenu compte des expériences vécues à Saint-Brais et au Peuchapatte, des initiatives communales exigeant soit un moratoire, soit une prohibition totale des éoliennes industrielles, de diverses interventions parlementaires. Il souligne que l'étude relative à l'évaluation de l'impact sur la santé rendue publique début juillet 2012 ne sera pas occultée. Cette étude affirme, en gros, que les éoliennes font plus de bruit que de mal.
Aujourd'hui, cette fameuse fiche 5.06 (désolé d'insister) recense quatre sites prioritaires, neuf sites secondaires. Elle n'est désormais plus applicable. Des quatre sites prioritaires, ceux de Saint-Brais et du Peuchapatte ont été tout ou en partie réalisés. Les deux autres, le projet intercantonal des Cerniers de Saulcy (à cheval sur les communes de Lajoux et Rebévelier) et celui des Bois (Les Fonges) sont désormais au point mort. Ils seront abandonnés, adaptés, ou relancés tel quel, en fonction des conclusions du groupe de travail.
Au départ, il faudrait déjà que tout le monde se mette d'accord sur la notion de «parc éolien». «C'est en effet un peu flou. Aujourd'hui, une éolienne peut constituer un parc», concède Raphaël Macchi. Le groupe qu'il préside ne fermera aucune porte. Il s'inspirera du nouveau plan directeur des paysages, en phase d'élaboration. «On va déposer nos propositions. Les politiques décideront. Combien de sites? Combien d'éoliennes? Trop tôt pour répondre. Mais quelques dizaines d'engins, pas plus. S'ils ont le choix, les politiques tiendront peut-être compte des communes qui ont exprimé leur désir de ne pas ou plus abriter d'éoliennes sur leur sol. La volonté du Gouvernement est de ne rien imposer. Mais dans certains cas, la marge de manuvre est compliquée. Notamment aux Franches-Montagnes. Reste que la problématique des éoliennes doit être posée de façon régionale. Certains projets vont plus loin que les frontières communales.» La population sera appelée à participer. L'information se fera en toute transparence, assure le Gouvernement.
En forêt?
S'il demeure évident que les crêtes sont propices à l'implantation de turbines, l'Ajoie (Roche-d'Or) et la vallée de Delémont (Courchapoix-Vermes) pourraient tout à fait abriter un parc éolien. Raphaël Macchi admet que la distance minimale entre une éolienne et une zone d'habitation, tolérée à 300m aujourd'hui, constituera un des points les plus pertinents à régler.
Nouveauté essentielle: la Berne fédérale autorise désormais l'implantation d'éoliennes en forêt. Le canton du Jura en regorge (plus ou moins la moitié de son territoire est composée de forêts). La chute d'un tabou pourrait arranger bien des bidons.