25.02.2014 - Le Courrier

Ennova contre-attaque

SIG - Ennova - ARC JURASSIEN - La société spécialisée dans léolien réclame 176 millions de francs de dommages et intérêts aux Services industriels de Genève.
Ennova réclame 176 millions de francs à titre de dommages et intérêts aux Services industriels de Genève (SIG). La société spécialisée dans lénergie éolienne a activé une procédure darbitrage. Elle a demandé à la Chambre de commerce, dindustrie et des services de Genève dorganiser cette procédure de conciliation privée, beaucoup plus rapide que les procès devant les tribunaux dEtat. Et ce en respect du contrat Juel III, qui lie toujours la régie publique, actionnaire minoritaire dEnnova, et cette dernière.
Dans un communiqué faisant suite à une information du site tdg.ch, Ennova et ses actionnaires majoritaires justifient cette offensive par les «accusations infondées, qui ont gravement endommagé» la réputation de lentreprise, ainsi que par le «non-respect des contrats signés et de la dramatique incapacité de décision des SIG».
Pour rappel, les SIG ont notamment versé 13 millions de francs pour acquérir le cinquième du capital-actions dEnnova et avancé 33 millions à la société pour financer des études de faisabilité pour des projets jurassiens déolien. Mais jusque-là, ces investissements nont rien donné.
«Les SIG ont accusé Ennova davoir abusé de leur confiance, de leur avoir fait gaspiller 46 millions et de les avoir considérés comme une vache à lait, attaque Claudio Zanini, président dEnnova. Imaginez limpact de telles affirmations sans fondement sur les trois cents propriétaires fonciers et les dizaines de communes avec qui nous sommes liés par des contrats, ainsi que sur des investisseurs potentiellement prêts à nous refinancer!» Le réseau Swisspower, en particulier, aurait été empêché dentrer dans le capital dEnnova.
«Juel III fixe comme limite 2021 pour le démarrage des projets et les SIG nous accusent en 2013 de navoir rien construit? reprend M. Zanini. Il est établi que le développement dun parc éolien prend en moyenne six-sept ans!» Avocat des actionnaires majoritaires, Nicolas Rouiller ajoute quil est «trompeur davoir fait mine de découvrir en septembre 2013 que les SIG devaient assurer le financement puisque cétait ce que prévoyaient les contrats.» Un à 1,5 milliard sur vingt ans pour sortir du nucléaire est un investissement visionnaire, insiste M. Rouiller.
Ennova, par ailleurs, accuse les SIG de ruptures de confidentialité et davoir violé une clause dexclusivité: «Leur projet éolien de Buttes (Jura neuchâtelois) concurrence directement le nôtre, tout proche, de Boveresse. Une pénalité de 10 millions est prévue dans un tel cas, sans compter les dommages-intérêts.»
Enfin, alors que le divorce prévu pour janvier navait pu avoir lieu en raison de problèmes juridiques, lavenir de ce couple qui se déchire est des plus flous. «Les SIG nous mènent en bateau», critique M. Zanini.
La demande darbitrage intervient au milieu de négociations en cours pour revoir ce partenariat durant lesquelles les parties sétaient engagées à ne pas communiquer, a réagi hier la régie publique. Elle se contente donc de juger loffensive dEnnova «infondée», se réservant le droit de la contester.
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