VAL DE TRAVERS - Le comité opposé au parc éolien de la Montagne de Buttes entend profiter de son référendum pour prendre la température auprès de la population. A défaut de plus pour linstant.
«Nous ne voulons pas être la poubelle éolienne de la région.» Pour les référendaires, la donne dans le dossier éolien au Val-de-Travers a changé. Selon eux cest certain, la population qui avait accepté le plan éolien cantonal en mai 2014 et donc les 19 éoliennes de la Montagnes de Buttes , ne revoterait plus de la même manière aujourdhui.
Ceci en raison, selon eux, dune mauvaise information en général et de limpact désormais plus clair des projets vaudois et français voisins. A défaut de pouvoir revenir en arrière, ils ont donc profité de cette première possibilité qui leur était offerte de repasser devant le peuple pour se faire entendre.
Laspect périphérique de lenjeu le chemin daccès provisoire et le câblage souterrain dun mât ne les refroidit pas. «Nous avons toujours été clairs sur les enjeux lors de la récolte des signatures et sur le fait que ce référendum porte uniquement sur ce changement dans la zone protégée», dit Richard Wilson, président du comité. Mais, rajoute son bras droit Thierry Ray: «il est inévitable et même souhaitable que la discussion glisse sur le parc éolien dans son ensemble.»
Car pour les référendaires, toute la question est là. Ils dénoncent un parc démesuré, mais plus généralement une énergie éolienne «qui na pas sa place en Suisse» et le sacrifice des crêtes jurassiennes qui en résulte. En comptant les projets vaudois proches les référendaires annoncent «50 aérogénérateurs» et ceux de France voisine «60 mâts», ils estiment que la région sera envahie «par pas moins de 150 monstres denviron 200 mètres de haut». Ils soulèvent dès lors un problème «déquité régionale», doù le terme de «poubelle éolienne» donné par Fabienne Chapuis, président des Travers du vent, association qui apporte son soutien au référendum.
«Pressions scandaleuses»
«La rencontre avec des centaines de personnes devant les magasins nous conforte dans notre analyse que la population nest pas suffisamment informée», explique Thierry Ray. Lequel dénonce «les pressions scandaleuses» des autorités, qui ont pris la parole en fin dannée dernière sur le référendum (lire notre édition du 23 décembre) et qui estimaient que les référendaires avaient faux «sur le fond et sur la forme».
Selon Richard Wilson, le futur vote si le référendum aboutit doit surtout permettre à son groupe «de prendre la température» au sein de la population directement au contact des mâts («de la population qui sera sacrifiée» selon les termes de Fabienne Chapuis). Mais aussi de se mettre en ordre de bataille pour la série de combats qui vont suivre (sanction des permis de construire, etc.). Puisque même en cas de victoire ici, le parc éolien ne serait pas directement remis en cause.
Un coup de semonce, ce référendum? «Nous voulons donner un signal fort à nos autorités», conclut en tous cas Thierry Ray.
«Une volonté claire»
Les autorités de Val-de-Travers persistent et signent. «Pour nous, la volonté populaire a été donnée en 2014», souligne Yves Fatton, conseiller communal de la commune fusionnée. «Le processus démocratique a été clair et notre mandat lest aussi.» Pour lédile, la conférence de presse donnée en décembre nétait pas le signe dune peur du référendum. «Nous voulions faire taire les fausses rumeurs qui circulaient dans la population.» Exemple donné: la taille des éoliennes qui sera en dessous des 200 mètres dont on entend parler. «Les hauteurs des moyeux peuvent varier de 110 à 122 mètres. Avec les pales, on arrivera entre 170 et 180 mètres. On ne dépassera pas ces chiffres», assure Yves Fatton.
Quant au nombre déoliennes dans les régions voisines, le conseiller communal rappelle quon «ne met pas déoliennes là où il ny a pas de vent», doù une logique de concentration. Il ajoute au passage «ne pas avoir connaissance» de projets de parcs si imposants en France voisine. Yves Fatton ne craint pas de mettre à mal le nouveau slogan «Le Val-de-Travers - Qualités naturelles»: «il y a des parcs éoliens dans des paysages magnifiques. Ensuite, cest une question de goût», conclut-il, en rappelant que la construction du parc est «un processus réversible».
Un groupe de citoyens a lancé en fin dannée dernière un référendum à la suite de la décision des autorités vallonnières de dézoner une parcelle protégée en vue de limplantation du parc éolien de la Montagne de Buttes. Plus précisément, cette modification permet de faire passer un chemin et des câbles souterrains pour lun des 19 mâts. Ils présentaient hier leur combat.