18.05.2016 - 24 heures

LAtlas des vents réjouit les proéoliens

 SUISSE - Une nouvelle carte interactive montre que la majeure partie du canton de Vaud peut accueillir des hélices géantes.
Les amis des éoliennes pavoisent. Le nouvel Atlas des vents que vient de publier lOffice fédéral de lénergie (OFEN) montre un grand potentiel pour les turbines aériennes en Suisse. Mieux: cette nouvelle édition, qui modélise les vents jusquà une hauteur de 150 mètres du sol, prouve que la majeure partie du territoire vaudois pourrait accueillir des éoliennes.
Une bouffée doxygène pour lassociation Suisse Eole, à lheure où tous les projets dénergie à vent font face à des oppositions en rafales. «Cette carte montre quil y a suffisamment de vent, même en plaine. Notre potentiel éolien a été clairement sous-estimé jusquici», lance Isabelle Chevalley, présidente de Suisse Eole.
Plus précis quavant
Ce nouvel atlas se veut plus précis que lancien. «Il offre une modélisation dynamique en fonction de la topographie du terrain alors que lancien était une extrapolation statistique», explique Fabien Lüthi, spécialiste des médias à lOFEN. Toutes les données météo disponibles et les mesures de vent effectuées à ce jour ont été intégrées aux calculs.
Premier constat: les projets de parcs éoliens existants en Suisse romande se situent tous dans des zones suffisamment venteuses. «Ces données sont en principe déjà connues par les promoteurs de parcs et ont été utilisées dans la planification», indique François Schaller, responsable des ressources énergétiques à la Direction de lénergie du Canton de Vaud. Un atlas inutile donc? «Non, il donne de bonnes indications aux promoteurs de futurs parcs et aux privés qui souhaiteraient poser de petites éoliennes, indique François Schaller. Mais ces données ne remplacent pas les mesures de terrain obligatoires avant chaque implantation.»
Lair souffle en abondance, mais latlas pointe une exigence: il faut aller le chercher en altitude. «Cest la raison pour laquelle les éoliennes prévues en plaine ont généralement une plus grande hauteur que sur les crêtes jurassiennes», souligne Yves Chevillat, chef de projet à Suisse Eole.
Il est nécessaire de visualiser les vents à 150 mètres du sol pour voir le territoire se couvrir de zones avec des vents à 5 mètres par seconde ou plus une moyenne annuelle exigée pour la faisabilité dun parc. Les cinq projets de parcs vaudois les plus avancés, ceux qui ont déposé leurs plans à ce jour, prévoient ainsi des hauteurs de mâts en conséquence: 98 mètres à Sainte-Croix, et 149 mètres sur les terrains dEoljoux (vallée de Joux), dEoljorat, de Sur Grati (Vallorbe) et du Mollendruz.
«Cest maladroit»
A deux semaines dune votation populaire dans la commune de Vallorbe sur le projet de parc local, les opposants remettent en cause lintérêt de cet Atlas des vents: «LOFEN a sans doute voulu contribuer au débat en apportant des données prétendument plus précises, mais cest maladroit. Le commun des mortels ne comprendra rien à ces données sans les explications qui vont avec. Le document parle par exemple de vitesse moyenne pondérée, ce qui est pour moi totalement incompréhensible», assène le Genevois Philippe Roch, qui sengage contre le projet de Vallorbe. Selon lui, le document aura même un effet contre-productif en suscitant des interprétations erronées.
A la fédération vaudoise des opposants aux centrales aériennes, Paysage-Libre Vaud, la carte provoque lhilarité: «Ce que je vois en premier, cest que toute la région du Léman a des vents favorables. Pourquoi on nirait pas planter ces éoliennes au milieu du lac et à Genève?» ironise son secrétaire, Jean-Marc Blanc. Deuxième objection: la notion de vents en hauteur «force à prévoir des éoliennes toujours plus grandes, cest une course à la technologie et à la destruction des paysages pour une production relative».
Sans entrer dans ce débat politique, François Schaller confirme que le Léman est une zone non retenue en raison de la densité de la population et des contraintes paysagères. Isabelle Chevalley, fervente avocate de la cause éolienne, na pas de réponse à toutes les critiques. Mais cet atlas, veut-elle croire, «renforce en tout cas nos arguments. Les opposants veulent toujours nous faire croire quil ny a pas de soleil, pas deau et pas de vent chez nous.»
Atlas des vents
http://www.bfe-gis.admin.ch/storymaps/EE_Windatlas/?lang=fr
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