GENEVE - Pour le premier procureur Stéphane Grodecki, les dirigeants des Services industriels de Genève ont laissé pourrir la situation pour des raisons commerciales. Il a requis une peine de 2 ans de prison avec sursis contre lancien cadre de la régie et de 18 mois avec sursis contre le spécialiste tessinois de léolien.
«Des actes de corruption dignes dune république bananière». A lheure de son réquisitoire, le premier procureur Stéphane Grodecki a eu des mots sévères pour lancien cadre des Service industriels de Genève (SIG) et le spécialiste tessinois des éoliennes, accusés davoir trempé dans une affaire de pots-de-vin. Mais le Ministère public a aussi sèchement critiqué la grande régie publique «qui a laissé pourrir la situation et qui porte une responsabilité morale dans ce dossier».
Le silence des SIG
Demblée, le parquet a précisé que ce procès nest pas celui de lénergie propre ou dune fuite en avant des SIG même si le dieu Eole «a rendu les gens fous». Cest le procès de la corruption. Le premier volet une demande de dessous de table de 100 000 francs dénoncée par une société valaisanne était déjà connu de longue date par la régie publique.
«La direction savait et a choisi le silence pour des raisons commerciales. On a simplement déplacé P. avec une augmentation de salaire. Les SIG auraient pu et dû éviter le second volet». Celui qui implique la société tessinoise Reninvest et qui vaut à son patron une accusation pour corruption active.
Pire. Le premier procureur estime que rien na vraiment évolué après cette affaire. «Le responsable juridique, qui était au courant, a toujours des fonctions dirigeantes au sein des SIG. La culture dentreprise na pas encore changé», a souligné Stéphane Grodecki. Il a ainsi demandé aux juges de réduire les prétentions civiles des SIG dans cette affaire vu la faute concomitante.
Défense fantaisiste
Quant aux dénégations du principal prévenu, le Ministère public les qualifie de totalement fantaisistes. Pourquoi le responsable dune société et son avocat viendraient mettre en cause lancien cadre des SIG et faire ensuite des déclarations mensongères en justice? Invraisemblable, soutient le parquet.
Tout aussi improbable, selon le Ministère public, cette histoire de bouquin qui a coûté plus de 1000 francs la page alors que lessentiel a été plagié. Rien dans ce livre, intitulé «Les pionniers de léolien», ne justifiait le versement de 180 000 à son auteur qui nétait autre que lépouse de lex-cadre des SIG et employée de Reninvest.
Interdiction de travailler
Pour Stéphane Grodecki, le Tessinois a versé cet argent pour «payer son agent double» au sein des SIG. «Il fallait rémunérer ou remercier celui qui prenait position pour sa société lors des contrats». Un faisceau dindices le démontre.
Contre ceux qui ont sali limage du service public pour se remplir les poches, le parquet a requis des peines de 2 ans et 18 mois de prison avec sursis. Il a aussi demandé pour tous deux une interdiction de travailler dans les administrations publiques de Suisse. La partie plaignante et la défense vont encore plaider aujourdhui. Le jugement est attendu le 8 juin.