MONTAGNE DE BUTTES Les Travers du vent lancent une opposition collective au plan daffectation du parc éolien et dénoncent deux élus verrisans, quils estiment coupables de conflits dintérêts.
On attendait une réaction des anti-éolien à la mise à lenquête publique du parc de la Montagne de Buttes, elle na pas tardé. Hier en fin daprès-midi, lassociation les Travers du vent a annoncé le lancement dune opposition collective quelle invite la population à signer. Elle attaque aussi nommément deux politiciens des Verrières, pour ce quelle estime être des conflits dintérêts.
Sur les neuf éoliennes qui seraient construites sur le territoire verrisan, six le seraient sur des parcelles appartenant à des membres de la famille des président et vice-président du Conseil communal. Les emplacements prévus des éoliennes numéro 4, 5, 6, 8 et 10 appartiennent aux deux frères, au neveu et à la belle-sur de Jean-Bernard Wieland, tandis que léolienne numéro 1 trônerait sur une parcelle appartenant au père de Mike Simon-Vermot.
Des indemnités
Or, «les propriétaires des parcelles destinées à accueillir ces six machines vont bénéficier annuellement de rentrées financières substantielles de la part de lexploitant du parc éolien», écrivent les Travers du vent. Lesquels estiment ces indemnités à quelque 15 000 francs par année, un chiffre qui na pas pu nous être confirmé hier.
«Que le Groupe E et les SIG (Services industriels genevois, promoteurs du projet, associés aux trois communes), dont les clients sont captifs, cautionnent ces pratiques sapparentant à du népotisme est inadmissible, tout autant que lattitude du canton de Neuchâtel, qui ferme les yeux», assène Michel Fior, membre des Travers du vent.
Mis en cause, Jean-Bernard Wieland se défend vivement. «Jamais un membre du Conseil communal des Verrières na participé à une seule séance entre les promoteurs et les propriétaires terriens», se défend le président de commune, «surpris» par ces attaques. «Cela fait huit ans que je suis le dossier, on savait que ce serait sur le Mont-des-Verrières, où mes frères possèdent des parcelles, mais jusquau layout il y a 4-5 ans, on ne savait pas où les éoliennes iraient», explique Jean-Bernard Wieland.
«Je nai pas discuté du sujet avec mes frères»
«Je nai jamais discuté du sujet avec mes frères. Je nai eu quune discussion avec mon neveu Frédéric, à propos des effets stroboscopiques quil pouvait y avoir vers sa maison, qui est dans cette région», continue lélu communal.
Sil connaît le nom des propriétaires des parcelles censées accueillir des éoliennes, il réfute toute implication dans leur choix. «Lorsque nous avons créé Verrivent (réd: la société promotrice aux mains des trois communes, où Jean-Bernard Wieland siège au conseil dadministration), tout était déjà élaboré. Avec mes collègues, nous navons pas pris de décision, ni arrêté de position sur lemplacement des éoliennes. Nous navons jamais pensé à un potentiel conflit dintérêts en travaillant sur le projet, les chefs de projet non plus, dailleurs.»
Les indemnités que toucheraient les familles? «Ces chiffres, je les apprends maintenant. Je connais ceux des retours communaux, pour lesquels jai toujours soutenu le projet. Je reconnais quil y a des intérêts dans ce parc, mais pour la commune des Verrières, pour qui jai toujours travaillé au plus près de ma conscience.»
Si les élus verrisans rejettent toute faute, pour les anti-éolien «lattitude des trois communes est politiquement indéfendable.»
Opposition totale
En lançant leur opposition collective, les Travers du vent veulent imiter ce qui sest fait du côté de Sainte-Croix, où «près de 1700 personnes» avaient signé pareils documents. Les oppositions visent tant le plan daffectation cantonal que les trois permis de construire communaux. La récolte des signatures se veut la plus large possible, quitte à ce que tous les signataires naient pas qualité pour faire opposition. «On attaque tout, sans compter la jurisprudence, qui est faite pour être renversée! Si on nessaye pas, on nobtiendra jamais de résultats», note Fabienne Chapuis Hini, présidente de lassociation.
Les opposants sannoncent dores et déjà prêts à aller au Tribunal fédéral, voire plus loin encore dans leur combat contre le parc. «La Suisse a déjà été condamnée pour le non-respect du droit des associations», remarque lavocate. Pour récolter les paraphes, lassociation va publier un encart dans le «Courrier du Val-de-Travers» ce jeudi ou renvoie vers son site internet. Leur collecte va durer jusquau 28 juin, le délai dopposition au plan cantonal et aux permis de construire étant fixé au 4 juillet prochain. «Nous encourageons vraiment les gens à signer notre opposition collective, dautant quil ny a aucun coût pour eux», conclut Anouk Fischer, membre de lassociation.