JURA - FRANCHES-MONTAGNES - Lassociation remonte au front avant dattaquer une année 2017 cruciale au niveau de léolien dans le Jura. Elle a pris position à la suite de lincendie de Saint-Brais.
Pas question pour Librevent de perdre le nord, quand bien même lassociation qui milite pour la sauvegarde des paysages des Franches-Montagnes et régions limitrophes a confondu les restos hier au moment de donner une conférence de presse à la veille dattaquer une année 2017 qui sannonce mouvementée au niveau de léolien dans le canton du Jura. Heureusement, on était à Muriaux et il ny a que deux bistrots... Les médias et les membres du comité ont fini par se rencontrer. Ouf!
Librevent ratisse large. Ses membres ont plus que doublé depuis sa création, en février 2011. «On dispose dun listing denviron 700 noms. Principalement des habitants du district, mais aussi de lextérieur du canton», commente le président Jean-Daniel Tschan.
La phrase qui tue
Une prise de position était attendue à la suite de lincendie survenu au parc éolien de Saint-Brais, le 14 octobre dernier. Cette première expérience jurassienne qui remonte à 2010 ne fait de loin pas lunanimité. Pro- et anti-éoliens le reconnaissent.
Librevent note «quil ne faut pas sétonner que des personnes sen prennent à ces machines et y boutent le feu». Elle évoque les quatre semaines qui ont provoqué lacte volontaire. Une forte bise a soufflé, amplifiant les nuisances sonores. «Il est donc possible quune ou plusieurs personnes, au vu de la situation incommodante, en soient passées aux actes.» Pas dapprobation, mais plutôt de la compréhension, donc.
Puis, la phrase choc. Celle qui tue: «Les membres du comité de Librevent ne peuvent raisonnablement approuver un tel geste même si lexpression de la colère du peuple dans son caractère plus romantique, voire pyrotechnique, est ancrée en tout Franc-Montagnard attaché à ses paysages!» Du lourd!
A Muriaux, le comité a répété quaucun de ses membres, du moins à sa connaissance, na été entendu par la justice dans le cadre de cette «tentative dincendie» pour reprendre son expression. «Si les autorités cantonales continuent de nous narguer en voulant implanter de nouvelles éoliennes, je pense que de tels actes pourraient se répéter», a mis en garde Jean-Marc Baume. Le Noirmonier est remonté. Il ne dort certainement pas plus mal depuis ce fameux vendredi 14 octobre...
Fiasco complet
Surtout, que les troupes demeurent éveillées. Car les prochains mois promettent de belles empoignades. Pur hasard bien sûr si Librevent tiendra ses assises annuelles demain aux Genevez, commune qui se mobilise contre limplantation dun parc éolien sur la Montagne de Tramelan. «Plein de recours sont pendants. Ce dossier se terminera certainement au Tribunal fédéral.»
En début dannée, le Parlement jurassien prendra position sur la loi sur lénergie dans loptique de la stratégie énergétique 2035. «On ne veut plus de nouvelles éoliennes. Cest clair. En Ajoie et dans la Vallée, la résistance sorganise également.» Les procédures en cours manquent de transparence, aux yeux de lassociation. Lavis de la population nest pas respecté.
Lidée de base du canton est dimplanter un parc éolien par district. Aux Franches-Montagnes, il sagirait dagrandir celui du Peuchapatte, qui pourrait passer de trois turbines actuellement à une dizaine. «En la matière, la politique cantonale se révèle être un fiasco complet», sinsurge Jean-Daniel Tschan.
Ce dernier, député, est membre du PCSI. Tout comme le ministre de lEnvironnement, David Eray. Et tous deux sont domiciliés dans les Franches-Montagnes. «Entre mon ami David et moi, le dossier éolien est tabou», lance, goguenard, lhabitant du Peu-Péquignot. Distances envers les habitations pas respectées, coût monstrueux en cas de démantèlement «Qui paiera en définitive?» , nuisances sanitaires: Librevent ressasse ses arguments massue.
La tension (re)monte.
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Quatre questions à David Eray Ministre jurassien de l'environnement
«Oui, jai approuvé le moratoire»
Où en est-on exactement avec la fiche 5.06 du plan sectoriel éolien?
Elle a été mise en consultation auprès des communes, des partis. Des privés ont aussi eu loccasion de donner leur avis. Au départ, cette fiche comportait trois sites prioritaires, un par district, et deux secondaires. Une analyse a ensuite été effectuée. Des investigations complémentaires sont en cours. La décision finale appartiendra au Parlement lorsquil traitera de la loi sur lénergie. Certainement au début de lannée prochaine.
Philippe Receveur, votre prédécesseur à la tête du Département de lenvironnement, a toujours affirmé que rien ne se fera contre la volonté populaire...
Je ne peux pas tellement mexprimer sur des projets en cours. A voir maintenant sous quelle forme la volonté populaire influencera lesdits projets.
En mai 2012, vous faisiez partie des quelque 240 personnes réunies en assemblée au Noirmont qui ont voté massivement pour un moratoire de dix ans lié à toute nouvelle construction déoliennes industrielles sur le territoire communal...
Le vote, public, sest déroulé à la façon Landsgemeinde, à main levée. Il ny a donc pas de secret: oui, jai approuvé le moratoire.
Vous étiez membre de Librevent à ses débuts, plus depuis que vous êtes ministre. La raison?
Une neutralité est nécessaire dans ma nouvelle fonction. Aujourdhui, je fais partie dun collège gouvernemental avant dêtre un simple citoyen.